"Point
mort" |
ou |
"Point
vie" |
© DIOPTAZ |
"Il y a un point dans le temps où
la pointe de la flèche qui vole n'est ni en
mouvement ni arrêtée"
"Prenez cette flèche coupez-la en
deux chaque jour, même après dix mille ans,
vous n'en n'aurez jamais fini."
« La mort et la naissance en un même
lieu et un même temps , n’est -ce pas
surprenant ? Un tel lieu où se transmute
la vie , ne serait-il pas plus approprié
de l’appeler le "POINT VIE" plutôt
que le « point mort » ? »
M.L. Dioptaz, « Sarbacana et perceptions trans-paradoxales »
Sene Pape Demba, La Notion de Novation, Thèse pour le doctorat en sciences juridiques de droit privé, Université de Reims, 2006, 433 p. (voir page2)
—
A la fin de l'expir, le souffle se transforme
pour devenir son contraire : l'inspir. Mais
qu'y a-t'il donc
entre l'expir et l'inspir qui permette
une si radicale et formidable transmutation
?
— Rien ! nous dit la raison, entre
les deux c'est juste du vide, un lieu où il
n'y a rien. Dans une boîte de vitesses, on
nomme ce lieu le "point mort", un
lieu hors de tout engrenage, ce qui justement
permet de choisir la vitesse que l'on veut, mais en
elle-même cette position n'entraîne pas la
voiture. Et pareillement pour le souffle,
ce lieu est une apnée, l'on n'y respire pas.
— Oui, Mais tout de même, dans ce "vide" se produit une alchimie
des plus fabuleuses : l'expir devient l'inspir,
l'arrêt devient mouvement, la marche avant
devient marche arrière, le fermé devient ouvert,
l'expansion se rétracte et ainsi de suite...
toutes dynamiques y prennent fin, donnant
naissance à leurs contraires. N'y a-t-il pas
là comme un échantillon de big-bang
permanent ?
La mort et la naissance en un même lieu et un
même temps, n'est ce pas surprenant? Un tel
lieu où se transmute la Vie, ne serait-il
pas plus approprié de l'appeler le "point vie" plutôt
que le "point mort"? Cela pourrait
nous aider à accorder un peu plus d'attention
à ce "vide" où s'articulent tous
les possibles.
Ce n'est pas parce que nos pensées
ne peuvent se poser à cet endroit "vide"
que la vie en est absente. Ce lieu est juste
un point mort d'attention, pas un point mort
de vie.
S'il
est mort d'attention, c'est parce que, justement,
c'est l'endroit où notre attention sélective change de vitesse.
Le moment où notre attention unilatérale "débraye"
d'un pôle pour pouvoir passer dans l'autre.
Dans chacun de nos actes, chacune de
nos fonctions les plus ordinaires se trouve
cette articulation, ce "point vie".
Et nous pouvons parfaitement assister-participer
en conscience de ce qui s'y produit. Nous
pouvons être présents lorsque la vie se transmute.
Entre l'expir et l'inspir, !Stop! absence de pensée,
mais pas absence de conscience.
Le
!Stop!
«L'expiration
puissante, le kiaï de silence que nous
produisons pour propulser la flèche,
induit, l'instant qui suit, une sorte de silence
des pensées qui ouvre sur une acuité très
particulière, un état de vigilance très affiné
: un !Stop! des pensées.»
Oui à l'instant où le jet-souffle jaillit-touche
la cible, c'est l'esprit du viseur qui est
touché, touché en plein milieu du présent.
Instantanéité
de l'impact dont les ondes frémissantes continuent
de se perdre dans les profondeurs de l'esprit...
Et
nous pouvons participer de cela. En effet,
dans l'instant qui suit ce puissant jet de
souffle, se produit comme un creux, un arrêt
des ronronnements habituels de l'esprit, un
!stop!
Et
nous disposons au coeur de ce !stop!, d'une
qualité d'attention vraiment très particulière,
qui peut visiter les moindres échos et harmoniques
qui émergent dans ce !stop!.
Mais
l'on peut aussi, inversement, à l'instant
du !stop!, décrocher et prendre le chemin
de l'absence. La Voie du Sarbacana, c'est
l'apprentissage de cette faculté d'être conscient
en cet exact instant, juste à l'articulation
du point vie. Il n’est bien évidement pas question de
codifier ce qui se produit au coeur d'un !stop!,
son processus est lui aussi profondément initiatique
et transparadoxal. Il n'a donc de sens que
s'il est
finement éprouvé et actualisé en chacun.
Toutefois, si je me permets d'éclairer
quelques-uns de ses aspects, c'est que ce
palier est essentiel dans la compréhension
et dans l'enseignement de la Voie du Sarbacana.
Après l'éjection-impact — !STOP!— les poumons totalement vidés
d'air, l'esprit vidé de toute pensée... l'on
reste aussi quelques instants hors respiration,
hors pensée...
mais pas hors conscience, car c'est juste
à cette articulation que l'on peut ouvrir
grand sa présence, et choisir effectivement
entre : «Etre ou ne pas être».
Alors
se produit un surprenant ralenti, comme un
zoom grossissant les détails du temps. Voilà
que curieusement, alors que l'on n’a plus
une seconde à perdre, c'est comme si l'on
avait tout son temps... comme une instantanéité
qui dure... L’on peut étirer ce millimètre
de seconde comme un élastique pour en observer
la texture de sens, fouiller dans l'infinité
de l'instant.
Toutefois,
cela peut se révéler tellement intense que
l'attention éblouie décroche et, à l'inverse,
manifeste une absence.
L'on peut se hâter sans sortir du présent. L'élasticité
du présent va de l'immobilité à la vitesse
de l'éclair.
Si le !stop! a pu être éclairé d'attention,
lorsque la première inspiration lente et profonde
réapparaît, elle peut ne pas déchirer la qualité
de présence induite par le !stop!. Alors,
la vacuité induite dans l'espace du !stop!
peut s'ouvrir pour recevoir la totalité du
processus respiratoire et de la vie
qu’il dynamise.
Lorsque le sursaut d'attention du !stop!
est assimilé, il va pouvoir être activé avant
le jet de souffle, puis être utilisé tout
au long de la pratique, ou en de tout autres
circonstances.
Le
souffle jaillit, la flèche traverse !Stop!
l'instant est éternel.
!Stop!
l'instant est éternel, le souffle jaillit,
la flèche traverse.
Puisqu'il n'y a pas de chemin entre
soi et soi, le "!stop!" est la méthode
du "non-chemin". Il arrête les pensées
qui inventent le chemin.
Ce
!stop! est l'une des portes du présent.
Le !stop! c'est prendre conscience
là où d'ordinaire l'on est inconscient, prendre
conscience que l'on est conscient.
Quel
que soit le niveau de cette prise de conscience,
elle ouvre sur toujours plus de "prise
de conscience".
Le !stop! est comme un claquement des
doigts de l'esprit, pour sortir de l'hypnose
des habitudes.
!Stop!
c'est "saisir le lâcher-prise"
Le !stop! signifie-implique : arrêter
de tergiverser avec soi-même...
« — !Stop! j'arrête de ruminer mes pensées, et c'est tout. Je ne me donne
pas pour "programme méditatif" que
tout à l'heure... ou un beau jour... lorsque les conditions seront
remplies...
lorsque je serai enfin prêt...
lorsque je serai enfin assez sage pour
devenir en-fin sage... »
Non
! tout simplement, très simplement : !Stop!
les
pensées s'arrêtent... c'est tout.
Absolue simplicité, nul besoin de nous
décoller de nos pensées par le mérite des
"gymnastiques méditatives"...
Juste un geste interne...
un !stop! et aussi simple qu’une main qui
se pose et les pensées se déposent.
Nous constatons alors que c'est juste
une sorte de phobie qui empêche les pensées
de se comporter... sobrement.